Le square Gambetta

Au débouché de la porte de l’est de la bastide, alors située dans l’axe de la rue Mage, se trouvait depuis 1254 le couvent des Franciscains ( fondés par Saint François d’Assise ) ou Cordeliers ( à cause de la cordelette dont ils étaient ceinturées ) ou Frères Mineurs ( « Framenous » ).
Ce couvent est déplacé au 16ème siècle et disparait par la suite. Son emplacement, ou « Horte des Cordeliers », reçoit alors le marché au bois et au charbon.
On y trouve aussi la « nouvelle prison », succédant à celle qui se situait à l’angle nord de la Rue Mage.
C’est seulement en 1835 qu’y débutent vraiment les constructions et qu’il prend le nom de Cours Louis-Philippe.
A partir de 1846 c’est la Place au Charbon ( et au Bois ) et le champ de foire, qui fait l’objet d’aménagements contemporains de la construction du Pont Neuf.
Sa limite nord, plantée d’arbres, prend le nom d’Allée de Bezons ?
Sa limite sud borde le jardin du couvent des Carmélites.Elle va être le lieu des exécutions capitales jusqu’en 1870.
En 1861 c’est la Place ou Cours Sainte Cécile, et en 1873 le Square Sainte Cécile. Elle fait l’objet d’un nouvel aménagement par les architectes Eugène et Louis Buhler ( dont celui du Parc de la Tête d’Or à Lyon ) avec un jardin botanique, des platanes, un bassin et un jet d’eau. En 1882 s’ajoute un kiosque à musique.
C’est en 1883 que lui est donné le nom de Square Gambetta.

Détruit par l’occupant en 1944, il est reconstitué par l’architecte Brice en 1946 et subit une nouvelle refonte en 1970-1971 avec des bassins et un magnifique boisement ; avec aussi quatre monuments, aujourd’hui disparus, à la mémoire de personnages célèbres : l’écrivain Déodat de Séverac ( daté de 1953 ) ; l’écrivain Achille Mir ( 1822-1901 ) ; le compositeur Paul Lacombe ( 1837-1927 ) par Henri Parayre, de 1930, représentant une femme assise avec un médaillon ; et Paul Sabatier ( 1881-1959 ), prix Nobel de chimie 1912, par Paul Manaut.
En 2009 on assiste à une transformation complète à l’occasion de la création du parking souterrain. Il en résulte une esplanade dont la perspective est un peu déserte. On y installe toutefois dès ce moment, devant le Musée des Beaux-Arts, déplacée du square André Chénier, la statue d’Helena par Raymond Sudre, de 1906 ;et en 2013, déplacé de la porte de Toulouse, tourné vers le pont, le monument de la Résistance de 1948, par René Iché ( 1897- 1954 ), représentant deux lutteurs affrontés,avec le buste de Jean Bringer.
Un dernier réaménagement, particulièrement heureux, intervient en 2015, avec des jeux d’eau, de nouvelles plantations, quelques jolies statues de bronze, et ce qu’on appellerait à Lyon un « pied-humide » : une buvette.


Parmi les édifices remarquables de la place, il y a d’abord le groupe scolaire Jean Jaurès, à l’angle du Boulevard du même nom, à l’emplacement de la « Nouvelle prison », inauguré en 1928 par le Président de la République Gaston Doumergue, dû à l’architecte Paul Emile Enderlin, très caractéristique de cette
époque.

Le côté nord a un passé industriel qui est celui de la fonderie Fafeur. L’ancêtre Roch Fafeur ( 1782-1816 ), fondeur de cuivre, est venu d’Arzens à la fin du 18ème siècle. C’est son fils François-Xavier ( 1802-1864 ) qui s’est installé d’abord au N°5 de la Rue de Verdun, puis à partir de 1855 sur le vaste espace situé au nord de la place. L’entreprise devient « Fafeur Frères » à la génération suivante de Paul-Xavier et Jean, à partir de 1859. Elle fait de la robinetterie, des pompes à vin, des pressoirs, des fouloirs, des pompes à incendie, et sort en 1862 sa première machine à vapeur« locomobile ». Xavier Fafeur ( 1854- 1902 ), fils de Paul-Xavier, s’associe à son oncle Jean en 1880 ; Jean-André, fils de Jean, a rejoint son cousin dès 1871. La crise du phylloxéra est source de difficultés, surmontées par une diversification des productions. La direction est assurée de 1902 à1932 par Françoise Vaissière, la veuve de Xavier ( 1871-1961 ) puis par leur fils Paul- avier ( 1901-1979 ). L’usine est réquisitionnée en 1939 pour produire des obus. Après 1945, elle va être orientée vers la branche prometteuse des appareils ménagers : elle sort en 1950 un lave-linge, dont le brevet sera vendu à Brandt en 1954-1956.
L’entreprise est liquidée de 1955 à 1962. Si l’usine a disparu, subsiste au N°6 le magnifique immeuble, de 1872-1892, dû à l’architecte Marius Esparseil, avec ses trois étages, ses pilastres, ses frontons, son buste, ses balcons à ferronnerie ; on peut y lire encore le nom de Fafeur.
Sur le côté sud, au N°13, s’élève une autre belle maison : celle de l’architecte du groupescolaire Jean Jaurès et du collège de Varsovie : Paul-Emile Enderlin.
Entre ce côté sud et la Rue du Pont-Vieux, le dernier bâtiment des Carmélites n’a pas encore reçu la réhabilitation qu’il mériterait.