L Durand Dastes

LA QUETE DE L'ELEXIR
(ou plus simplement « Voyage en Ecosse »)
(NDR : je trouve que le premier titre en jette plus)
Oyez, oyez, gentes dames et nobles seigneurs, laissez moi ici bas vous conter une légende. Je me nomme ... , non cela ne sert à rien de connaître le nom du conteur, les générations futures n'auront que faire de mon nom, mais elles garderont en mémoire celui de notre Maître, Sir JEAN-PHILIPPE, que certains appelaient, selon une coutume ancestrale « Président » ;
Comme le roi Arthur lança ses chevaliers à la recherche du Graal, notre Maître ne pouvait faire moins. Il avait entendu parler au cours de ses nombreuses chevauchées de par le monde d'un breuvage aux vertus magiques. C'était un doux nectar qui émerveillait les papilles, donnait du coeur au ventre, et permettait après en avoir suffisamment absorbé, de s'exprimer dans toutes les langues.
Il en avait bien rapporté une fois en son domaine mais il était certain qu'il nous fallait découvrir le secret de cette boisson merveilleuse. Fi de la pierre philosophale, avec la recette magique notre vie ne serait plus qu'une suite de festins et banquets. Mais le voyage était long et périlleux, il rassembla donc l'ensemble de sa cour et la délicate sélection s'opéra. Il fallait choisir chacun pour ses qualités. Cinq de ses brillants chevaliers furent élus pour la quête. Quelques dames se joignirent également à la troupe, elles feraient commerce et négocieraient la pitance avec les autochtones. Nos tuniques étaient prêtes, il était temps de partir.
 Deux chariots tirés par de multiples chevaux nous menèrent jusqu'en terre d'Hispanie. Nous n'étions pas loin de nos foyers, pourtant les idiomes étaient différents de ceux de nos contrées; ils restaient néanmoins compréhensibles. Chacun de nous pouvait encore converser avec la populasse; nous espérions qu'il en serait toujours ainsi, mais la peur nous gagnait.
 Nous fûmes avalés par un grand oiseau tout blanc qui portait les armoiries de la maison des Ryanair, bien connue de ceux qui veulent se mouvoir facilement et sans trop vider leur bourse. Après son vol, le grand oiseau blanc nous déposait enfin dans le pais de notre quête en un lieu où devait commencer notre épopée, un bourg au nom étrange de GLASGOW. Les gens étaient bons et serviables et nous n'eûmes aucun mal à trouver celui qui serait notre guide tout au long de notre périple en cette terre au premier abord hostile. C'était un homme jovial, de petite taille mais au cœur débordant et bien que les mots qui sortaient de sa bouche fussent pour nous incompréhensibles, il semblait tout connaître de ce vaste pays. Il lançait des saluts de la main à toute personne croisant son chemin. Nous fûmes surpris par cette coutume mais nous savions déjà que nous étions à l'aube de nos découvertes. La connaissance des us de cette contrée n'était pas le but de notre quête, l'élixir seul devait nous guidait. Il nous fallait commencer nos recherches.
Dans toute épopée, on rencontre toujours un méchant très méchant, une princesse très belle et un géant effrayant mais qui se révèle très vite des plus gentils. Si les deux premiers n'avaient pas encore fait leur apparition, nous rencontrâmes notre géant dès le premier soir. Alors que la nuit tombait et que nous cherchions une taverne afin d'y trouver le gîte, le géant au doux nom de Richard se chargea de tout. Dès notre premier regard nous sûmes que Richard était l'homme qu'il fallait et qu'il serait d'une aide précieuse pour notre quête. Il semblait bien connaître l'élixir et il nous promis que dès matines nous prendrions la route vers le pays magique, celui où l'on prépare la divine boisson. Pendant le souper, alors que nous devisions gaiement des coutumes locales, une question agitait nos pensées. Bien que de nombreux habitants fussent en possession d'un calice rempli du fameux nectar, nous n'avions pas eu le droit de nous initier à la délectation suprême. Bien que chevaliers en nos terres, nous n'avions pas encore eu droit au Scottish adoubement. Ce que nous convoitions si fort nous était encore interdit. La couche fut agréable et le repos salvateur.
Au matin, nous étions prêt. Les femmes prirent quelques menues monnaies pour visiter les échoppes locales. Nous ne pouvions pas, en effet, leur faire courir le moindre risque sur le chemin périlleux de notre quête. Celle-ci nous mena droit au château, que les habitants de cette contrée appellent distillerie, de AUCHENTOSHAN.
Nous fûmes accueillis par le grand enchanteur de ce lieu. Là devait commencer notre initiation. Le soleil était à peine levé, on pouvait lire dix heures sur nos cadrans solaires portatifs. Le mage nous proposa de nous faire goûter l'élixir. Après le troisième godet, les langues commencèrent à se délier. Après quelques balbutiements durant lesquels notre seigneur Jean-Philippe et notre géant Richard servirent d'interprètes, nous fîmes l'apprentissage de quelques mots utiles de l'idiome du mage, « please, one more whisky ». Nous ne pouvions deviser facilement avec les locaux et ce ne fût qu'après avoir testé tous les élixirs de son antre secret, que le mage nous présenta la première épreuve. L'enchanteur nous demandait de lui citer les trois grandes familles du nectar. Les cinq chevaliers se réunirent alors autour d'un bar rond, qu'on appelle tonneau, et après en avoir débattu secrètement, le plus hardi d'entre nous, Messire Alain, alla donner la réponse au mage : il existait le single malt, le pur malt et le blended. Le mage, à l'instar du père Fourasse, nous sourit, il était satisfait de notre réponse. Nous pouvions passer à la seconde épreuve.Non sans avoir vidé quelques autres chopines pour fêter notre première victoire, il nous fallait reprendre notre chemin et les défis suivants ne seraient peut être pas aussi simple.
 Nous fîmes une halte pour nous restaurer au bord du lac bien connu du Capitaine Hadock, le Loch Lomond. Nous gouttâmes en ce lieu de la pitance locale, le fameux haggies que le tavernier avait préparé.
 Dans le deuxième château, nous confirmâmes calices à la main la divine répartition, et ayant chevauché encore quelques lieues, nous atteignîmes le château de notre deuxième épreuve.
 C'est en ces murs que nous rencontrâmes notre princesse. En plus d'avoir un doux visage et des yeux d'une grande beauté, notre hôtesse avait deux qualités. Non seulement elle connaissait les secrets de la fabrication de l'élixir, mais en plus elle semblait maîtriser les subtilités de notre langue l'ayant appris par le passé. Elle utilisait des mots qui pouvaient être compris de nous tous. Le léger accent dont elle habillait des mots comme « alambic » ou « distillation » ne faisait que renforcer le charme et la profondeur de ses explications.
 Notre princesse, non sans nous avoir permis de goutter au précieux nectar, commença à nous en expliquer la recette. Nous touchions au but, nous allions enfin savoir comment se faisait la magique potion. Je vous la livre telle qu'elle nous fût présenter :
 « Il falloir d'abord faucher l'orge et en récupérationner la graine. Après l'avoir mouillée, la germination va développationer le sucre en dedans. Il falloir ensuite casser la graine en petites portions et les faire tremper en dedans de l'eau. Après on reprend le liquide et on chauffe dans la bouilloire grande. Ensuite après, on met le jus liquide dans le grand tonnelle et ça fermentationne. On a enfin comme de la ale... »
La première partie des explications était déjà passionnante. Nous en comprenions le sens général. Nous avions néanmoins quelques problèmes à déchiffrer ce langage qui devait être celui des druides de cette contrée, à moins que les souvenirs de notre princesse ne soient quelques peu lointains et que la syntaxe soit devenu quelque peu vague. Néanmoins elle poursuivait ainsi :
 « C'est ensuite que la ale qui est à 8,5° d'alcoolisation passe dans le partie le plus essentiel de la distillerie, l'alambic pour faire la distillation. Une première distillation augmentationne le degré d'alcoolisation de 8 à 25°. Puis un second alambic fait passer le degré de 25 à 70. Le boisson qui sort est de couleur transparent et son name est « spirit D. Apres on le met dans des tonnelles de bois de chêne et on attend 8 années longues. Enfin on a le scotch whisky. »
Ca y était, nous avions compris le secret de la composition de l'élixir dont nous connaissions maintenant le nom. Nous avions, au premier soir et grâce à la rencontre de notre princesse, rempli une grande part de notre quête. Nous savions enfin ce qu'était le whisky. Nous profitâmes de la soirée, ayant été rejoints par les dames de la cour, pour fêter notre découverte. La bière qu'ici ils appellent « ale », le vin venant de contrées lointaines du nom de nouveau monde, et surtout notre élixir coulèrent à foison dans des tavernes qu'ils nomment « pub ».
 
Au deuxième jour de notre épopée, nous savions que tout danger était écarté, les femmes pouvaient donc nous accompagner. Nous ne savions quelle serait leur réaction lorsqu'elles se retrouveraient pour la première fois face à un alambic avec un verre de whisky à la main dans le soleil blafard, mais il fallait néanmoins tenter l'expérience. Après tout, elles aussi étaient là pour tenter de découvrir le secret. Les gentes dames se joignirent donc à nous et après la petite collation matinale faite de hadock bouilli et d'oeufs au bacon, la petite troupe se mit en route.
Nous fîmes une première halte dans le château de GLENGOYNE. Ayant poursuivi notre route, nous nous rendîmes dans le plus petit lieu de fabrication de la potion, à EDRADOUR. Là, nous tentâmes de maîtriser les subtilités de la boisson magique. En effet même si nous en connaissions la composition de base, il semblait que chaque mage mit sa touche personnelle à la recette afin que son élixir soit différent de celui de son voisin. Chaque druide avait son secret qu'il acceptait de nous révéler. Certains interdisaient à quiconque sous peine de sacrilège de toucher à la potion avant le délai de douze années. Cela permettait au breuvage d'acquérir une belle couleur brune et d'avoir un goût suave. D'autres usaient de barriques ayant déjà contenu divers breuvages afin de donner à leur concoction les senteurs, les parfums ou les arômes de la précédente liqueur. Cela pouvait être du sherry d'Hispanie, de l'armagnac de gaule ou de vin du château Yquem de la région de Burdiglia. D'aucuns faisaient leurs tonneaux avec des bois divers et variés dont certains venant même du nouveau monde et l'élixir prenait alors la force et le caractère propre aux gens de cette région.
Plus nous avancions dans notre connaissance et notre savoir sur la potion, plus nous nous rendions compte de son caractère complexe. Chaque élément rentrant dans sa composition était unique et une seule variation de l'un d'eux changeait la structure du tout. Comme les contremaîtres construisant les cathédrales ne font pas qu'assembler des pierres entre elles , que les grands peintres ne font pas poser de la peinture sur une toile, les mages élaborant le whisky étaient en fait des artistes transformant de simples éléments terrestres, accessibles à tous en une oeuvre d'art dont eux seuls avaient le secret.
 
Voilà nous savions tous dès lors que notre quête touchait à sa fin. II nous avait fallu sept distilleries pour le comprendre. On ne cherche pas à comprendre le miracle de la beauté, on l'admire tout simplement. De la même façon nous ne pouvions trouver le miracle de la boisson divine, celle-ci avait été réalisée avec amour et savoir faire, il nous suffisait simplement de nous laisser transporter lorsque nous la buvions en imaginant de hauts pâturages, une pluie vivifiante, des rivières pures et glacées, des gens chaleureux et vaillants vivant dans un pays magnifique. Nous aurions pu faire les trois cent cinquante distillerie de cette contrée sans en apprendre plus.
Notre vaillante équipe fit un passage par un joyeux hameau du nom d'Edinbourg et le temps était venu pour nous de regagner nos terres. Nous devions reprendre le grand oiseau tout blanc. J'entends déjà que l'on murmure dans mon dos que j'avais promis un grand géant tout gentil, beaucoup connaissent maintenant notre cher Richard, que l'on pourrait surnommer le hardi. J'avais promis une belle princesse et je pense que tous les vaillants qui étaient présents là-bas, se souviendront longtemps de notre visite. Mais qu'en est-il du méchant très méchant?
 
En fait, nous en avions rencontré un en partant et nous retrouvâmes le même au retour. II s'agissait d'une sorte de sénéchal du seigneur Ryanair. Il portait une tunique aux armoiries de cette maison et se sentait dans l'obligation de contrôler notre équipage. II nous précisa que du fait de la lourdeur de notre harnachement, nous devions nous acquitter d'une patente. Nous trouvâmes les manières de ce maraud bien inconvenantes et lui en fîmes la remarque. Nous avions beau faire, l'homme était intransigeant. Nous payâmes la dime en jurant bien un peu tard que l'on ne nous y prendrait plus.
 
De retour en notre beau païs, nous avions des images plein les yeux, des souvenirs plein le cœur et du whisky plein le foie.
 
Je vous ai accaparé bien trop longtemps et le moment est venu pour moi de vous laisser tranquille en espérant que les siècles à venir garderont toujours en mémoire la belle histoire de Sir Jean-Philippe et ses chevaliers au pays du whisky.
 
Le narrateur
Nota : Pour les futurs présidents, je peux proposer quelques thèmes de voyage, la Russie à la découverte de la Vodka, la Jamaïque à la découverte du Rhum ou la Norvège à la découverte de l'Aquavit.... Que de beaux pays et de belles boissons à découvrir.